Jackie’s day seven

J’ai dormi comme un loir! La combinaison du bruit de la mer et d’une température fraîche (et bien sûr, l’absence des suceuse de sang de la veille) m’ont permis de bien récupérer. Du coup, on est arrivés peu après l’ouverture des cavernes et, après avoir grillé la politesse à un car de teutons en goguette, on a embarqué pour une croisière sous-terraine dans un gigantesque dédale de stalactites et stalagmites . Les concrétions calcaires forment tantôt d’immenses pilliers couleur crème à la vanille, tantôt une dentelle couvrant le haut d’une chambre à travers laquelle on glisse sans bruit. Je m’imagine les premiers humains à oser explorer ces poches en pierre à la lueur de torches: l’émerveillement a dû se disputer la place d’honneur à la crainte; le mot “awe” traduit bien ce sentiment puisqu’il oblige à rester la bouche ouverte pour le prononcer et qu’il a généré “awesome” tout comme “awful”.

Le bateleur nous a largué à un débarcadère sous-terrain et nous avons encore eu une dizaine de minutes de marche à faire avant de retrouver l’air libre. Puis, reprenant le char, nous nous sommes dirigés vers la pointe sud du doigt du milieu qui abrite le phare de Tenaro et un temple dédié à Poseidon. Autant le dire tout de suite, comme souvent le chemin fut plus intéressant que le but. Je ne vais pas te regaver de descriptions des montagnes vertes et ocres dont les flancs plongent verticalement dans la mer ni des chardons d’un mètre dardant leur tête violette vers le ciel menaçant à travers des buissons de genêts dorés. Cependant, je te parlerai des maisons qui, sur la côte ouest de ce doigt, sont quasi toutes en pierre de taille, parfois de vraies ruines antiques, souvent des ruines tout court et, de plus en plus, des constructions neuves comprenant une tour à crénaux et tourelles d’angle et dont le toit est délibérément découpé afin de ressembler, partiellement, à une ruine. En voir une ou deux, ça passe; mais quand on traverse un village dont les nonante pourcent sont sur ce modèle, on pense immanquablement à Disneyland – d’autant que le trottoir est rouge et qu’il est bordé de lampadaires style années vingt. Un peu plus loin, on est passés à côté du village de Vathia, juste avant la presqu’île du bout du doigt: à gauche, le village neuf, à droite, le village antique – de loin, difficile de faire la différence tant le neuf essaie de faire vieux et antique.

Nous avons poursuivi jusqu’au bout de la route pour découvrir que le phare n’existe pas vraiment: c’est encore une antiquité et elle se trouve au bout d’un chemin tortueux à travers les cailloux et la guarrigue dont on ne voit pas le bout. Manifestement, avec mon mauvais état physique, je n’y arriverai pas et laisse Motoo explorer seul ce chemin. Je me dirige plutôt vers le bâtiment délabré en pierre que je vois à vingt mètres – et même pour ça, je suis contente d’avoir enfilé mes chaussures de marche et pris un bâton. Après avoir escaladé quelques éboulis, je suis parvenue à l’autel, en réalité une demi colonne sur lequel quelques pièces ont été laissées en offrande. Je rajoute mon obole et ma prière à Poseidon afin qu’il nous protège du mieux qu’il peut/veut. Motoo m’ayant rejointe, on reprend la route pour remonter en direction de Kalamata: tu sais, là d’où viennent les olives.

Toujours des paysages à couper le souffle dans une atmosphère fraîche, à l’ombre de la chaîne Taygète où culmine le mont Taleton enrobé aujourd’hui de nuages sombres. Dès que la route rejoint la côte, le paysage est apprivoisé et les habitations se font nombreuses et modernes. On approche de Kalamata dont on empruntera l’autoroute de contournement, juste derrière un autre camping-car vivement peint de papillons et de fleurs et qui arbore une plaque vaudoise! On perdra leur trace en allant abreuver le char chez le vendeur de diesel qui nous regarde avec envie: en Grèce, les camping-cars sont taxés deux fois, une fois en tant que véhicule et une fois en tant qu’habitation. Il nous recommande de visiter Pilos, sur la côte ouest du dernier doigt; ça tombe bien, c’est une de nos destinations pour y visiter les cataractes de Polylimnio. Mais auparavant, on va s’arrêter au camping de Koroni, histoire de remplir notre citerne d’eau fraîche et de vider nos eaux sales.

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