Jackie’s day two

Après une nuit tranquille, on s’est réveillés tôt avec une petite pluie qui nous a accompagnés presque toute la journée. Je n’avais jamais vu pleuvoir en Grèce… Du coup, on a sauté la visite de Corinthe l’Ancienne et on est arrivés à Mycènes pour rendre hommage à Agamemnon. Son tombeau, situé au pied de la citadelle antique, est une vaste coupole souterraine, nommée tholos, avec une pièce ténébreuse et interdite partant à droite. Évidemment, j’y ai pris des photos au flash afin de découvrir ce qu’elle abrite. Je pense qu’il doit s’agir de chauves-souris car, bien que le fond soit net (et inintéressant), des formes floues traversent l’image, donnant l’impression que de folles Erinyes protègent la dernière demeure du héros.

Nous avons ensuite visité le musée abritant les reliques trouvées lors des fouilles. Nous avons opté pour un guide auditif mais déesse! que les explications étaient barbantes et longues. Il y avait entre autres plusieurs bijoux et armes en or et en argent, dont une grande couronne pointue. J’aurais aimé apprendre à qui appartenaient ces parures, quelle était leur signification, où elles avaient été découvertes. Je n’ai eu droit qu’à une longue diatribe sur l’artiste ayant réalisé la copie exposée (l’originial étant à Athènes), son pseudonyme, le nom de son fils (avec qui il ne faut pas le confondre) et le pseudonyme de celui-ci, les autres oeuvres qu’il a réalisées, …. bref, rien qui concerne Mycènes!

En sortant, on s’est dirigés avec un paquet d’autres touristes vers la porte des Lionnes dont la forme en pointe rappelle celle du tombeau d’Agamemnon. Les murs de la citadelle sont fait d’énormes blocs prêtant à croire à la légende qui voudrait que Persée, fondateur de la ville, ait réquisitionné l’aide des Cyclopes pour la construire. Nous ne sommes pas allés beaucoup plus loin: comme toute ville fortifiée, elle se situe sur une colline et la grimpe à midi avec les autres boeufs, sous la bruine, ne me tentait guère.

Nous avons donc repris le char et sommes partis en direction d’Epidaure avec l’idée de faire un arrêt dans une des (forcément) nombreuses tavernes que nous passerions. En réalité, le Péloponnèse n’est ni rocailleux, ni plat comme je l’imaginais (déesse sait pourquoi!); nous avons traversé au contraire une région montagneuse et verdoyante, à travers des oliviers en fleur, des orangers en fruit, des genêts et des cyprès, ainsi qu’une quantité d’autres flores dont je ne connais que l’odeur. En revanche, des tavernes, il n’y en a eu que peu, de préférence fermées à midi. Du coup, nous sommes allés jusqu’à Palaia Epidavros (Epidaure l’ancienne), située au bord du golfe de Saronique. La taverne repérée sur googgle comme ouverte était évidemment fermée jusqu’à 17:00… en revanche, celle d’en face nous a accueillis et nourris jusqu’aux oreilles. Moi qui vise l’abstinence de sucres lents et rapides, je me suis gavée de salade rurale et de gros poissons frits alors que Motoo a découvert les joies du σπετσοφαι (spetsofai), un genre de ragoût de saucisses campagnardes et de poivrons baignant dans une sauce tomate.

Pour digérer, nous nous sommes mis en quête du théâtre d’Epidaure. Mais comme rien n’est simple en Grèce et que les homonymies sont nombreuses, nous avons d’abord atterri, au bout d’un chemin étroit, au pied d’un petit amphithéâtre en ruines: “ancient Epidaurus little theatre”… Ayant retapé la bonne dénomination dans le GPS, nous avons repris en sens inverse la route qui nous avait menés à la mer et, 20 minutes plus tard, nous étions enfin à destination.

Comme toujours, ce qui nous intéressait se situe en hauteur mais la grimpette en valait largement la peine! Ce théâtre est incroyablement préservé et s’élève sur 55 gradins; plusieurs milliers de spectateurs pouvaient s’asseoir autour de la scène circulaire au centre de laquelle se trouve une sorte de galette en pierre. Mais la taille et l’état de conservation de ce bâtiment ne sont rien en comparaison de la stupéfiante accoustique. Un groupe de touristes, encouragées par leur guide, a frappé des main au centre puis en s’éloignant comme un éventail et le son produit était d’une clarté étonnante, chaque clap distinct de tous les autres. J’ai été m’asseoir au trentième rang et j’ai pu reconnaître la voix de Motoo resté sur scène parmi le brouhaha des autres « acteurs ». J’ai ensuite testé moi-même: quand on parle depuis le centre, la voix revient comme un boomerang mais sans écho, sans résonner – simplement amplifiée comme avec une sorte de micro magique. Stupéfiant.

Nous avons ensuite exploré le reste du site qui est en réalité la raison d’être du théâtre. À l’origine, un sanctuaire en l’honneur d’Asclépios (Esculape), le dieu guérisseur, accueillait les malades en quête de guérison. Il y a donc des ruines d’un hôtel, de temples, d’un stade et d’un incubateur où les malades, après s’être lavés avec une eau guérissante, se rendaient à travers divers couloirs de prières vers un dortoir où ils allaient incuber pendant la nuit et guérir grâce à leur rêves. Déesse sait ce qu’ils y buvaient…

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