Jackie’s day fourteen

Le lendemain, frais et dispos, nous plions bagages et quittons le Péloponnèse par voie d’un sublime pont suspendu un peu avant Patras. La route jusqu’à Itea ne diffère pas fondamentalement de celle d’en face et on retrouve les buissons de bougainvilliers roses, rouges et blancs qui semblent être la norme des bordures de routes grècques. Les coquelicots ont cependant disparus. Elle longe la côte nord du golfe de Corinthe, nous offrant la vue de ce qui fut notre point d’attache pendant près de deux semaines. Il y a encore de la neige sur la montagne dont je n’ai jamais su le nom mais, la température ayant pris l’ascenseur, je gage qu’elle aura fondu d’ici demain. Il me semble que la vue est plus belle de ce côté-ci car la topographie du Péloponnèse est faite de multiples monts qui semblent tantôt se chevaucher, tantôt s’emboîter, conférant une profondeur au paysage absente depuis l’autre rive.

Pendant environ la moitié du trajet, la montagne tombe directement à pic dans l’eau; les habitations sont plutôt rares. Puis, des anses se créént et des villages, voire des villes apparaissent dans leur creux. Depuis la route, on voit surtout leurs toits rouges entre les oliviers. On aperçoit aussi de plus en plus de petites îles verdoyantes et peu élevées au large de ces bourgs. Des plages de galets apparaissent avec quelques baigneurs dans l’eau turquoise et limpide qui s’est manifestement réchauffée. Quelques ronds flottant à la surface de l’eau trahissent l’existence de fermes piscicoles. On passe aussi près de trois énormes éoliennes à l’arrêt: Motoo postule que, puisqu’on est samedi, la demande en énergie est moindre. Avec les éoliennes, il y a fatalement aussi des pylônes de taille équivalente. Clairement, ici, la préoccupation des effets néfastes des ondes magnétiques n’a que peu d’influence sur les décisions d’implantation des lignes à haute tension au dessus des habitations. Dans mon petit monde étroit, je pense surtout que les fils électriques gâchent mes photos qu’elle traversent.

Après plusieurs virages embrassant un mini bras de mer agrémenté d’un assemblage de quelques planches faisant office de ponton, on découvre d’étranges constructions couleur rouille trouant la terre glaise d’un côté, rejoignant la mer de l’autre. Un peu plus loin, l’explication s’impose: il s’agit d’une carrière d’argile. Il est d’ailleurs facile de voir où les cargaisons partent: seul notre côté de la route est couleur brique; c’est sans doute l’explication d’une partie de la richesse de la ville d’Itea.

Nous bifurquons alors vers la gauche, à travers une immense oliveraie dont certains troncs trahissent un âge pluricentenaire. Puis, comme d’hab, on grimpe. De lacet en lacet, nous finissons par arriver au camping Delphi qui s’étend sur un grand plateau offrant une vue à couper le souffle sur cette véritable mer des oliviers, comme les propriétaires la nomment. C’est comme un delta à l’envers de cîmes: plusieurs “rivières” d’arbres se rassemblent en une gigantesque plaine juste avant la mer. Il y a des millions d’oliviers dont certains ont plus de 3,000 ans!

On gare le char devant la vue, sous des pins, entre une caravane danoise et une camping-car zürichois.

Après un souper où je me suis faite mal voir car j’ai donné la tête de dorade au chat qui en a foutu partout, on s’est couchés dans un char étouffant malgré les fenêtres béantes. Il y avait beau avoir beaucoup de vent, notre emplacement nous en mettait complètement à l’abri. Du coup, la nuit fut courte, d’autant que le bus reliant le camping à la ville passe à 7:20.

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